Pourquoi je suis fan de Philippe Delerm
Dans "les mots que j'aime" il a choisi
Fragile
A la fois pessimiste et optimiste. Pessimiste, il livre d'emblée la probabilité, voire l'annonce d'une cassure, d'une fracture. La consonne centrale en atténue légèrement le choc, quand la dernière syllabe souligne en paraphe diaphane l a délicatesse et peut être déjà l'idée d'une possible meurtrissure.
Mais optimiste aussi. Ce qui est fragile n'est pas encore cassé. Une abondance de précautoins s'impose qui peut-être préservera ce qui semble si menacé. Savoir que les choses, les sentiments, les êtres mêmes sont fragiles ne suffit certes pas à les protéger. Mais la conscience de leur fragilité leur donne tout leur prix, en menaçant de leur disparition. Fragile. Une façon prudente et fine de dissiper le mauvais sort en l'invoquant.