Au revoir
Oui j'ai la chance de vivre bien
Oui j'ai deux filles magnifiques et on s'aime
Oui je fais un métier que j'aime
Oui je ne m'ennuie pas dans la vie
Oui je suis en (presque) bonne santé
Oui je suis une privilégiée.
et avec tout ça je me plains?
Et bien non même pas, mais dans tout ça j'ai juste une grande malchance, une hypersensibilité qui fait que je fais le métier que j'aime avec passion, que je ne peux pas m'ennuyer avec toutes les émotions qui me traversent, que je vis dans un monde de sentiments, d'émotions, alors je brule, je déborde, je tempête, je cherche, je donne, je prends, je vole, je réclame, je veux vivre pleinement, je n'aime pas le tiède, je n'aime pas le doucement, je n'aime pas le peut être, je n'aime pas le silence quand je ne l'ai pas appelé, je n'aime pas les blessures mais j'adore les empêcher de cicatriser.
Alors oui j'éclabousse, oui je partage, oui je suis exigeante pour que la vie soit non pas belle , mais pleine et même si mon métier me donne des facilités, tout le monde peut filer un coup de main à des artistes, tout le monde peut aller voir son écrivain préféré et lui dire j'aime ce que vous faites, tout le monde peut lire un poème dans un journal et souhaiter dire ce que vous avez écrit me touche, tout le monde peut se bruler, peut quitter son confort douillet pour l'inconnu.
Je ne refuse jamais ma main, ni mon coeur à quelqu'un, je ne refuse jamais de m'effacer pour que d'autres moins forts puissent prendre la place, je peux aussi me taire, je peux aussi m'éteindre, je l'ai fait pendant des années, mais comme les volcans quand ils se réveillent, je sème un peu de trouble.
Ok je vous perturbe, ok j'exagère de me plaindre, ok ce n'est pas beau de réclamer.
Promis je ne recommencerai plus, mais vous ne m'empêcherez pas d'aimer, de brûler, de fondre en larmes pour rien, pour une émotion, une chanson, un dessin, une photo idiote, une âme que je reconnais mais qui ne veut pas de la mienne.
Et je resterai debout, j'ai la force des faibles, je le sais. Et tant que l'émotion existera je vivrais comme la mauvaise herbe, comme les petits brins qui forcent le béton, comme le jour qui suit la nuit, comme le soleil qui revient après la pluie.
Je retourne à mes cahiers.